PARFAITE CONVERGENCE DE LA CRÉATIVITÉ ET DU TRAVAIL DE PRÉCISION

Romy Schmitter, un prénom qui évoque Cannes et Hollywood. Dessinatrice pendant la journée, peintre pendant ses loisirs. Une sacrée combinaison. Lire ici comment Romy transpose la créativité en perfection technique…

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Dessiner en 3D facilite grandement la réflexion préalable, on voir mieux et plus vite où il y a des conflits

Romy Schmitter, un beau prénom qui évoque Cannes et Hollywood. Il se peut que l’actrice Romy Schneider, décédée en 1982, n’y soit pas étrangère. ‘Notre’ Romy est née en mai 1985. Pendant la journée, elle est dessinatrice mais, pendant ses loisirs, elle se révèle dans la peinture depuis deux ans. Une sacrée combinaison de talents. Romy dessine des bâtiments en détail, avec un logiciel spécialisé. Avant, c’était surtout en 2D mais, depuis qu’elle travaille chez Gijbels (près de trois ans), c’est surtout en 3D. ‘Cela facilite grandement la réflexion préalable’, dit-elle, car ‘on voit mieux et plus vite où il y a des conflits, ce qui permet d’en discuter très tôt avec l’architecte et le client.’

Il faut faire attention à ne pas dessiner trop en détail. Ce ne serait pas rentable

En un tour de main, Romy a transformé l’écran de télévision de la salle de réunion en son ordinateur personnel. Elle montre à quoi ressemble son environnement de travail : un monde virtuel, composé de lignes et de plans en couleurs, tracés au millimètre près. Pour un néophyte, il est impossible de comprendre où nous nous trouvons dans ce futur bâtiment. ‘Il faut faire attention à ne pas dessiner trop en détail. Les hommes sur le chantier savent, par expérience, comment il faut monter la majorité des pièces. Il est donc inutile de consacrer du temps à dessiner les détails. Ce ne serait pas rentable. Mais je joins souvent une vue d’ensemble pour que les ouvriers puissent se faire une idée du résultat final, cela les aide.’ L’empathie, se mettre à la place de quelqu’un d’autre, c’est cela aussi la réflexion préalable.

On commence par un plan large et on s’y plonge de plus en plus profondément, jusqu’à ce que tout soit en place

Comment peut-on garder une vue d’ensemble dans ces milliers de détails, si l’on se trouve par exemple à l’intérieur de l’évacuation des eaux, sous l’appui de fenêtre d’un gigantesque bâtiment industriel ? ‘Oh’, Romy hausse humblement les épaules, ‘on commence par un plan large et on s’y plonge de plus en plus profondément, jusqu’à ce que tout soit bien en place.’ À l’entendre, c’est facile. Il est vrai qu’aller sur la lune, c’est aussi partir de la terre et continuer tout droit jusqu’à ce que l’on y soit. Cela s’appelle la modestie. La modestie caractérise beaucoup de gens chez Gijbels. Tous semblent trouver leur propre travail moins difficile que celui des autres. Un autre mot aussi pour décrire cette attitude, c’est : le respect. Respect pour le talent et les connaissances les uns des autres. Chez Gijbels, le respect mutuel est omniprésent, même sur le plan personnel. Car Romy a eu un coup dur il y a deux ans.

Au lieu d’avoir une voiture de société, un taxi vient me chercher et me reconduit

Retinitis pigmentosa. La maladie des yeux dont souffre Romy depuis la naissance lui interdit de conduire depuis deux ans. Romy craignait pour son emploi, car les transports en commun de Hasselt à Opglabbeek ne sont pas vraiment commodes. ‘Gijbels a alors conclu pour moi un accord avec une société de taxis. Au lieu d’avoir une voiture de société, un taxi vient me chercher et me reconduit. Je ne pense pas que beaucoup d’employeurs le feraient.’ ‘Malchance, stupide coïncidence.’ Voilà comment Romy décrit sa maladie génétique. ‘C’est une anomalie récessive de l’ADN’, explique-t-elle, ‘cela veut dire que les deux parents doivent être porteurs, ce qui est très rare.’ Surtout quand on sait que l’un des grands-parents de Romy est originaire d’Italie (il était mineur à Zwartberg) et son autre grand-père était allemand (et a aidé des Belges pendant la guerre). ‘Rien à faire’, conclut-elle.

Ma créativité consiste à imaginer des solutions inventives pour des difficultés techniques, et qui cadrent avec le concept de l’architecte

Comment Romy voit-elle le monde ? ‘J’ai des taches pigmentaires sur la rétine autour desquelles je vois en permanence des petites lumières clignotantes, comme ce que l’on appelle la neige sur un écran de télévision. J’ai du mal à appréhender des situations dans leur ensemble et, de ce fait, il m’arrive de me cogner ici et là.’ Les collègues savent qu’il vaut mieux d’abord laisser passer Romy. ‘Priorité à Romy’, pourrait-on dire. Elle voulait devenir architecte, mais ce sont les aspects techniques et mesurables qui lui plaisaient le plus et l’ont orientée vers les études d’ingénieur. Son côté créatif, elle l’exprime par la peinture. ‘Mon job est parfois créatif aussi, quand je dois imaginer une solution inventive pour une difficulté technique, qui doit en même temps rester aussi proche que possible du concept de l’architecte.’ Créativité et ingéniosité technique à la fois. Celui qui voudrait installer dans son bâtiment un escalier impossible de M.C. Escher (l’artiste préféré de Romy) pourrait sans doute s’adresser à elle pour le dessiner.

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