LES PRÉCURSEURS SONT PLUS FUTÉS QUE VOTRE GPS

Le chef de chantier Sandro Paglia (43 ans) crie ‘j’arrive !’ du premier étage d’un gros œuvre particulier : un crématorium pour animaux que Gijbels construit. Lire ici l’histoire de Sandro, plus futé que votre GPS, même s’il reçoit 178 coups de fil par jour…

Découvrez son histoire

Sandro voulait devenir chef de chantier et a bénéficié d’un ‘billet aller-retour retour

Si un bon GPS dit d’aller à droite, mais que le panneau Des Précurseurs indique la gauche, il faut aller à gauche. Il n’est pas encore 8 heures sur le chantier, mais personne ne bâille. Le chef de chantier Sandro Paglia (43 ans) crie ‘j’arrive !’ du premier étage d’un gros œuvre particulier : un crématorium pour animaux que Gijbels construit. Sandro doit son prénom à Sandro Mazzola, célèbre milieu de terrain de l’Inter de Milan à la grande époque des années 60 (et co-inventeur du ‘catenaccio’). Comme son homonyme, Sandro Paglia a donné un coup d’accélérateur à sa carrière. En 2012, après six bonnes années, ce dessinateur de plans chez Gijbels a eu envie de prendre l’air. Sandro voulait devenir chef de chantier. Il a bénéficié d’un ‘billet aller-retour’ d’une validité de six mois.

L’histoire curieuse de Sandro, devenu dessinateur de plans

Ce billet lui permettait donc de revenir à la table de dessin, mais Sandro ne l’a pas utilisé : le casque de chef de chantier lui allait trop bien. Tout comme le sol en béton du grand hall du crématorium où seront bientôt installés deux fours. Les ouvertures sont déjà pratiquées dans le plafond, mais le malaise que, généralement, ces fours créent n’est pas encore perceptible. ‘Cela ne nous concerne plus’, dit Sandro en riant, ‘mercredi nous aurons terminé ici.’ L’histoire qui a conduit Sandro à devenir dessinateur de plans était déjà originale, comme tous les parcours d’autodidactes (comment dit-on selfmade man en italien ? ) Sandro a découvert son talent pour le dessin technique pendant ses études d’électromécanique. Lors de la sortie de la première version d’AutoCAD pour Windows, en 1994, il s’est précipité à la librairie pour acheter un manuel de cours. Il a appris à maîtriser le programme entièrement par lui-même sur le PC d’un ami. Il a notamment contribué à dessiner le garage Delorge à Hasselt.

N’est-ce pas formidable de participer à la réalisation du rêve de quelqu’un ?

Sandro prend l’escalier en béton pour aller au premier étage. ‘Les propriétaires vont venir habiter ici aussi’, dit-il avec un réel intérêt : ‘Nous sommes ici littéralement sur les fondations du rêve de ce couple. N’est-ce pas formidable de participer à la réalisation du rêve de quelqu’un ? Que peut-on vouloir de plus dans son travail ?’ La voix de Sandro est empreinte de gratitude. C’est aussi le mot qu’il utilise pour résumer ses 10 ans chez Mathieu Gijbels : la gratitude. Il a eu des occasions et a saisi sa chance. Ce qu’il donne en retour avec beaucoup de plaisir n’est pas anodin non plus : le dévouement (et aussi, pour ceux qui étaient déjà de la partie en 2008, une soirée mafia italienne mémorable.)

Un chef de chantier n’a jamais fini

‘C’est agréable que les gens vous réclament’, reconnaît-il modestement. L’architecte du crématorium d’animaux à Tessenderlo connaissait Sandro d’un projet précédent, De Verffabriek à Hamme. ‘La confiance est capitale dans notre secteur’, dit-il tout en vérifiant instinctivement la résistance d’une balustrade, ‘et une équipe solide inspire confiance au maître d’ouvrage. En fin de compte, il y a toujours beaucoup d’argent en jeu et tout le monde est sur ses gardes.’

‘À tout à l’heure au bureau peut-être ?’, dit-il au moment de nous quitter. Une grande part du travail de Sandro consiste à régler des choses, téléphoner, régler des choses et téléphoner. Pour ce faire, il garde ses après-midi libres, au bureau, chez Gijbels. Pour la ‘réflexion préalable’ sur les projets et les réunions de chantier : établir le planning, faire des offres, vérifier les factures, téléphoner aux sous-traitants, préparer des réunions, un chef de chantier n’a jamais fini.

Un chantier doit bouger, sinon je suis mal embarqué
Un jour, Sandro a reçu 178 coups de fil en une seule journée. ‘Oui, mon nom figure partout, impossible de me cacher’, dit-il en riant, le regard pétillant d’un éclair de panique feinte. ‘Où faut-il mettre ceci, où cela doit-il aller, où faut-il mettre ces panneaux, où doivent se trouver ces toilettes ? Un chantier doit bouger, sinon je suis mal embarqué.’ Sandro est sur la bonne voie, personne n’en doute. À son époque de gloire, son homonyme footballeur a refusé un transfert lucratif à la Juventus parce qu’il ne voulait pas jouer pour un club autre que l’Inter. ‘Notre Sandro joue parfois à un autre poste, dessinateur d’abord, puis chef de chantier, mais nous espérons que, comme son homonyme Mazzola, il n’aura pas envie d’aller voir ailleurs.

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